Choisir la bonne nourriture pour son cheval 

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Jusqu’aux années quatre-vingt, de nombreux cavaliers avaient tendance à extrapoler au cheval les connaissances acquises chez les autres espèces et les hommes de cheval à considérer que l’organisme du cheval ne fonctionnait pas comme celui des autres animaux, se basant alors sur une tradition ancestrale pour nourrir l’animal. Une meilleure connaissance des aliments, associée aux recherches scientifiques conduites de par le monde concernant les besoins nutritionnels du cheval dans telle ou telle situation physiologique ont ensuite permis l’édition évolutive de normes qui assurent maintenant, dès lors qu’on les suit, une alimentation rationnelle et équilibrée du cheval. Quelle nourriture choisir pour son cheval ? La luzerne, le foin et les granulés sont-ils bons pour les chevaux ?

Tout comme l’homme, le cheval nécessite en permanence un carburant énergétique les aliments – et un comburant – l’oxygène – pour produire chaleur et énergie.

La température corporelle est ainsi maintenue constante et l’organisme peut se construire, s’édifier puis vivre sans jamais cesser de se renouveler.

Pour bien alimenter son cheval, il importe donc de bien comprendre le rôle essentiel de la nutrition, qui est constituée par “l’ensemble des phénomènes d’échange entre un organisme et le milieu, permettant l’assimilation par l’être vivant des substances qui lui étaient étrangères et la production de son énergie vitale.” Un nutriment est un élément simple qui doit entrer dans la composition de la ration alimentaire du cheval dans des proportions qui permettent de le maintenir en bonne santé en fonction de son état physiologique.

Le cheval et l’eau : le plus vital de tous les nutriments

Les deux tiers d’un cheval sont constitués d’eau et tous ses tissus en sont baignés ; un muscle, par exemple, en contient 30 % de son poids ! Si l’organisme d’un cheval peut perdre pratiquement toutes ses graisses et la moitié de ses protéines tout en demeurant en vie, la perte de 8 % seulement de l’eau de sa constitution corporelle va engendrer la mort. Les fonctions de l’eau sont si nombreuses et si importantes qu’elle reste le nutriment le plus essentiel pour le cheval comme pour tout être vivant. Chez le cheval, les exigences en eau de boisson, en complément de l’eau contenue dans les aliments, sont susceptibles de varier de 20 à 75 litres par jour, en fonction de la taille, du climat, de l’intensité du travail (perte importante d’eau par la sueur) et de la nature de la ration. Par exemple, dans le cas des régimes à base d’herbe jeune, de pulpes humides, de betteraves, de carottes, de mâches ou de barbotages, la quantité d’eau fournie sera moindre.

Le cheval et les protéines 

Si elles peuvent constituer une source d’énergie, les protéines servent avant tout à construire, en permettant la synthèse des os, des muscles, et l’ensemble des autres tissus. Une protéine est une molécule constituée d’une chaîne d’acides aminés, sorte de train composé de wagons (acides aminés non indispensables que l’organisme peut synthétiser) et de locomotives (acides aminés indispensables que l’animal doit trouver dans sa nourriture).

Les matières azotées totales (MAT) ou matières protéiques brutes (MPB) représentent les protéines dosées dans la ration (retrouvées sur les étiquettes des aliments). Leur fraction digestible – plus intéressante sur le plan nutritionnel – est appelée MADC (Matières Azotées Digestibles Cheval). Elles sont, sur le plan qualitatif, susceptibles de couvrir les besoins de l’organisme en acides aminés indispensables. À l’entretien, le besoin protéique du cheval apparaît proche de 60 gr de MADC pour 100 kg de poids corporel et par jour. Ce besoin augmente pour la croissance, la gestation, l’allaitement. Il reste modéré pour l’activité sportive.

Le cheval et les graisses

Le rôle principal des graisses alimentaires est de fournir de l’énergie. Le cheval les digère très bien et les valorise de manière remarquable lors du travail d’endurance. Mais selon leur origine, les lipides ont des compositions très différentes en acides gras et ne présentent donc pas le même intérêt nutritionnel. Certains entrent dans la fourniture d’énergie alors que les autres sont précurseurs d’hormones et partie de la structure cellulaire.

Ces derniers sont appelés acides gras “indispensables” car le cheval ne peut les synthétiser et doit de ce fait les trouver dans son alimentation. Il existe deux familles d’acides gras essentiels (A.G.E.):

  • la série des “oméga 6” que l’on trouve plus naturel’ lement dans les huiles végétales (huile de maïs, de tournesol, de pépins de raisin) ;
  • la série des “oméga 3” dont sont bien pourvues l’herbe jeune, la graine de lin, la bourrache, et en partie l’huile de soja.

Le cheval et les lipides

L’apport quantitatif de lipides comme carburant énergétique permet de mettre à profit leur très forte concentration (2,25 fois plus que les glucides) qui correspond à approximativement 3 à 3,5 U.F.C. (Unité Fourragère Cheval) par kilogramme de matières grasses. Ils seront donc particulièrement utiles chaque fois que l’animal se trouvera en situation de déperdition énergétique intense (gestation, lactation, croissance, travail en endurance).

Le cheval et les glucides

Les glucides : concentré d’énergie via les céréales présentes dans les aliments élaborés

Les éléments de base des glucides sont ce que l’on appelle des oses, sucres simples ; le plus répandu de ces oses est le glucose, constituant de base de l’amidon et de la cellulose. D’autres glucides, comme les pectines ou les gommes, sont des molécules plus complexes. Certains de ces glucides sont digestibles et assimilables par l’organisme du cheval (c’est le cas de l’amidon, des sucres et de certaines fibres rendues digestibles par les fermentations intestinales) ; l’indigestible glucidique (fibres dites insolubles) constitue quant à lui le lest stimulant et régulant le transit intestinal.

Parmi les glucides digestibles importants, le lactose revêt une importance certaine chez le poulain dans la mesure où le lait de jument en est richement pourvu. Les amidons, quant à eux, sont faits d’un complexe de polymères de glucose plus ou moins ramifiés selon l’origine botanique et enserrés comme une pelote que l’on dénomme granule d’amidon. Présents dans les céréales en grande proportion (maïs, blé, orge, avoine) mais aussi dans tous les végétaux, ils constituent une source d’énergie privilégiée pour le cheval à condition d’en mesurer les apports journaliers. Attention cependant avec certains produits, comme les friandises et bonbons pour chevaux.

Le cheval et les fibres alimentaires

Les fibres alimentaires, quant à elles, se définissent comme l’ensemble des composés glucidiques indigestibles par voie enzymatique. Elles sont constituées de différents glucides constituant les membranes des cellules végétales (pectines, hémicelluloses, cellulose vraie, lignine), et chacun de ces groupes est susceptible de se comporter différemment dans le tube digestif.

On distingue :

  • des fibres solubles, avec les substances pectiques (pulpes de betteraves, pulpes d’agrumes, marcs de pomme…), les gommes et les mucilages (graines de lin) et les hémicelluloses (grains et issues, graines et tourteaux). Ces fibres solubles ont des propriétés gélifiantes de l’aliment dans l’intestin, ce qui influe sur la satiété, la vitesse de digestion et aide à mieux réguler la glycémie, la lipémie et la cholestérolémie. Elles sont susceptibles de fermenter dans le cæcum et de générer flatulences et crottins humides lorsque leurs apports ne sont pas équilibrés;
  • des fibres insolubles constituées principalement de cellulose vraie, laquelle se lignifie avec l’âge de la plante, devenant ainsi de moins en moins digeste (comme les fourrages récoltés trop tardivement, les pailles ou des tourteaux de pépins de raisin). Les fibres insolubles sont néanmoins importantes car elles participent à l’hygiène mentale de l’animal: en augmentant le temps de consommation et de mastication, elles deviennent un facteur d’occupation et de tranquillisation permettant de prévenir certains tics.

Trop de fibres dévalorisent l’ensemble de la ration et peuvent conduire à des coliques de stase (bouchons au niveau du gros intestin). À l’inverse, les carences peuvent générer une exacerbation des fermentations intestinales sources de diarrhées, de fourbures, de coliques et d’ennui.

Le cheval et les minéraux

Les minéraux ne représentent qu’une faible proportion du poids d’un cheval mais leur rôle est essentiel et leur apport alimentaire doit être placé sous haute surveillance.

Chacun d’entre eux est susceptible d’interférer avec d’autres au niveau digestif ou métabolique. Il est donc nécessaire, non seulement d’assurer l’apport de chacun d’entre eux, mais aussi d’éviter tout déséquilibre qui peut se révéler tout aussi néfaste pour l’organisme que la simple carence. En nutrition, ces minéraux sont artificiellement en deux groupes :

  • les macroéléments (dont le besoin se quantifie pour chacun en grammes pour un cheval standard), représentés par le calcium, le phosphore, le magnésium, le sodium, le potassium et le chlore;
  • les oligo-éléments (dont le besoin s’exprime en milligrammes par jour, voire moins), parmi lesquels on trouve le fer, le cuivre, le manganèse, le zinc, l’iode, le sélénium, le fluor, le cobalt, le molybdène…

Quantitativement, calcium et phosphore sont les éléments minéraux majeurs, constituants fondamentaux du squelette ; ils ont également d’autres fonctions métaboliques importantes, telles que le rôle du phosphore dans tous les transferts d’énergie au sein de la cellule. Le squelette représente une très importante réserve tampon dans laquelle l’organisme puise en cas de déficit, ce qui explique l’apparition de maladies osseuses dès lors que l’apport phosphocalcique de la ration est déséquilibré. Le magnésium intervient lui aussi dans le métabolisme osseux, mais il est, avec le potassium, un élément du liquide intracellulaire fondamental à un grand nombre de réactions.

D’une manière générale, les oligo-éléments sont indispensables aussi bien à la constitution des globules rouges qu’au transport de l’oxygène, à la pigmentation de la peau et à son intégrité, au fonctionnement des systèmes enzymatiques, aux synthèses hormonales. Chacun deux remplit un ou plusieurs rôles pour telle ou telle fonction de l’organisme.

Leurs apports doivent être raisonnés et maîtrisés en se référant aux prescriptions des fabricants figurant sur les étiquettes.

Le cheval et les vitamines

Parmi l’ensemble des constituants nutritifs essentiels à la vie, chacun connaît le mot « vitamine », qui regroupe en fait un ensemble de substances très variées. Que l’une d’elles manque totalement ou en partie, aussitôt apparaissent des symptômes cliniques de carences pouvant entraîner à la longue de graves maladies.

On les trouve dans les aliments et elles peuvent être, selon les cas, liposolubles (solubles dans les graisses : vitamines A, D, E, K) ou hydrosolubles (solubles dans l’eau : vitamines C et du complexe B).

Chez le cheval, les hypervitaminoses sont occasionnelles, en particulier A et D, alors que les carences sont rares. À l’inverse, la vitamine E est très bien tolérée, même à des doses élevées pour lesquelles elle peut présenter des vertus curatives et préventives pour la membrane cellulaire.

Les vitamines du groupe B sont synthétisées en grande partie dans le côlon par la flore intestinale. Malgré des carences C rares, il faut noter l’intérêt des supplémentations en vitamine B8, (H) ou biotine, pour la qualité des productions cornées (poils, crins, paroi du sabot).

Connaitre les besoins nutritionnels de son cheval

La connaissance des nutriments essentiels à la vie du cheval permet de préciser ses besoins nutritifs tant quantitativement que qualitativement. Ils correspondent, à la base, au strict besoin d’entretien de l’animal (lié à son poids) auquel s’ajouteront les besoins dits de production (gestation, production laitière, croissance ou travail musculaire).

Pour exprimer avec précision un besoin et, par voie de conséquence, en assurer une couverture précise, il convient de se référer à des systèmes d’unités additifs qui assurent l’homogénéité du mode d’expression du besoin nutritionnel en fonction de l’espèce animale. Le besoin en eau s’exprime de manière simple en litres d’eau à fournir chaque jour à l’animal, incluant l’eau contenue dans les aliments.

Chez le cheval, la notion de “besoin” en matière sèche est également à prendre en compte : le niveau de consommation volontaire, communément désigné sous le terme d’appétit, définit en fait le volume global de la ration et conditionne donc la concentration nutritive nécessaire à la couverture des besoins. Cet “appétit” s’exprime en kilogrammes de matière sèche (aliment dont on défalque la teneur en eau) pour 100 kilogrammes de poids corporel, pour bien marquer dans le cadre du cheval l’influence prépondérante du format. D’une manière générale, ce niveau moyen de consommation volontaire se situe aux environs de 2 kg MS/100 kg poids avec les rations mixtes usuelles et peut s’élever jusqu’à 3 kg dans certains cas (lactation, période de monte). La phytothérapie peut aussi permettre de complémenter l’alimentation du cheval.

Les besoins énergétiques du cheval s’expriment en France dans une unité dite d’énergie nette (seule forme biologiquement efficace d’énergie) dénommée UFC (Unité Fourragère Cheval) : 1 UFC correspond à la valeur énergétique nette d’un kilogramme d’orge “standard” (étalon fixé comme référence), contenant 870 grammes de matières sèches et 2200 kilocalories d’énergie nette.

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Pour en savoir plus : adapter la ration de son cheval 

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