Le polo (sport équestre)

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Bien des siècles se sont écoulés depuis le premier jour où des cavaliers jouèrent au polo, de là à définir une date précise… C’est néanmoins très certainement l’un des plus anciens jeux équestres connus. De son berceau en Asie centrale, en passant par l’Australie, la Grande-Bretagne, l’Argentine, les Etats-Unis, sans oublier la France, le polo a conquis bien des cavaliers. Sport d’élite et non élitiste, sport de prestige et non de caste, sport de compétition par excellence, le polo est avant tout un sport d’équipe qui exige une entente parfaite entre les joueurs; les individualités si brillantes soient-elles, ne peuvent ici que se juxtaposer et non se compléter. La victoire n’appartiendra qu’à ceux qui savent faire preuve de cohésion, de discipline et de responsabilité.

partie de polo à cheval

Ce sont les planteurs de thé britanniques venus s’installer dans les provinces montagneuses d’Assam, dans les années 1850, qui connurent les premiers les joies du polo. Arrivé en Inde par le nord-ouest avec l’envahisseur musulman et, de Chine par le nord-est, le polo disparut ensuite presque complètement avec le déclin de l’empire Moghol, pour ne survivre que dans les régions du Manipur, Gilgit et Assam. Le kangjai – ce jeu fantastique découvert par les planteurs – était bien loin du jeu sophistiqué et organisé que nous connaissons.

Le polo : sport des rois, roi des sports

Subtile combinaison des actions spectaculaires de la course et l’enthousiasme des jeux de ballon, le polo, sous le nom de chaugun (maillet), a fait ses premiers pas dans la Perse ancienne, bien avant d’arriver en Inde au XIIIe siècle. Des manuscrits anciens présentent un jeu équestre élégant et noble, pratiqué par les rois et leur cour: un jeu semblable à celui que nous connaissons mais avec des équipes de 6 joueurs. Il semblerait que cette discipline fut aussi pratiquée dans tout le reste de l’Orient, surtout en Chine comme en témoignent certaines miniatures et, en Mongolie. Un jeu similaire se pratiquait au Japon mais le “da-kyu” se jouait avec un maillet terminé par un filet.

Pour les planteurs de thé, ce jeu royal dont le nom actuel est un dérivé de pulu, une racine tibétaine dont étaient faites les balles, allait devenir une véritable passion. En 1859, ils fondèrent le premier club de polo: le Silchar Polo Club, du nom de la capitale du Cachar. Les règlements alors édictés ont servi de base à ceux du polo moderne. Les premières équipes qui jouèrent à Silchar étaient constituées de 9 joueurs puis de 7 joueurs. En raison de l’augmentation de la taille des chevaux et de l’accélération du jeu, le nombre des cavaliers fut ensuite ramené à 4- Quant aux chevaux, ceux qu’utilisaient les planteurs étaient des poneys du Manipur dont la hauteur au garrot excédait rarement 1,22 m. En 1876, le règlement fixa la hauteur maximum au garrot pour les poneys de polo jouant en Inde à 1,37 m, et à 1,42 m pour ceux de Grande-Bretagne. Avant que cette clause ne disparaisse en 1919, elle fut à nouveau modifiée en 1895 pour élever la hauteur maximum à 1,47 m. De nos jours, on considère comme optimale une hauteur de 1,55 m.

Du hockey à cheval au polo

En 1869, quelques officiers du 9e régiment des Lanciers, du 10e régiment des hussards et du 1er Life Guards et Royal Horse Guards jouèrent à Hounslow Heath, près de Londres, à ce que les Anglais appelèrent le “hockey à cheval”. Devant l’enthousiasme des premiers specta- teurs et le succès qui entoura le nouveau jeu, le Hurlingham Polo Club devint très vite le quartier général du polo anglais. C’est son comité qui rédigea le premier règlement en 1875. Peu à peu, les adeptes de ce nouveau sport augmentèrent et la pratique du polo s’étendit au reste du monde, plus particulièrement dans l’Empire britannique, aux États-Unis et en Argentine. C’est dans le cadre de la fameuse Westchester Cup que débutèrent les rencontres internationales en 1886, avec une série de matchs entre les Américains et les Britanniques. Talonnés de près par les Argentins, les Américains, vainqueurs de la célèbre Copa de las Americas, restent les meilleurs jusqu’en 1933, lorsque les Argentins les battent. Chez les Britanniques, victimes des fâcheuses conséquences de la guerre, le polo bat de l’aile. Ce n’est qu’en 1950, grâce aux initiatives enthousiastes de Lord Cowdray, énergiquement soutenu par un groupe de joueurs d’avant-guerre, et au patronage de S.A.R. le duc d’Édimbourg, que le polo anglais reprend un souffle nouveau et permet au Hurlingham Club de revivre.

En France, le polo est apparu à Dieppe en 1890 et gagna rapidement la capitale. Deux ans plus tard le Polo de Paris ouvrait ses portes à Bagatelle, suivi en 1895 par Deauville. On y dispute la Coupe d’Or, et pendant des années la Lancel Polo Cup, depuis peu devenue la Weston Polo Cup. Aujourd’hui le Polo Club de Chantilly et le Domaine d’Aprement, au nord de Paris réunissent chaque année des grandes manifestations internationales.

La Gold Cup et la Coronation Cup disputées en Angleterre, la World Cup en Ploride et l’US Open se comptent parmi les plus prestigieux tournois internationaux.

Cependant le plus haut niveau sportif est pratiqué en Argentine où se déroulent les trois tournois les plus sélectifs et légendaires du monde : l’Open de Tortugas, l’Open d’Hurlingham et celui que tout joueur a rêvé un jour de gagner : « el Campeonato Abierto de la Republica Argentina », plus connu comme l’Open de Palermo.

L’Argentine possède aussi le plus grand nombre de joueurs avec le plus haut handicap (10), et les “petise- ros” argentins (palefreniers) s’exportent à tous les coins de la planète par leur savoir-faire inégalé.

Lait rarissime dans l’histoire du polo, deux grandes rencontres opposèrent en 1976 à Buenos Aires et en 1990 à Indio (Californie), deux équipes comportant 40 goals d’handicap chacune, le maximum possible. Elles étaient composées des plus grands noms du polo argentin et mondial: J.-C. Harriot, A. Harriot, A.-P. Heguy, H. Heguy, M. Heguy, E. Heguy, H. Heguy (J), G. Heguy, G. Dorignac, F. Dorignac, G. Tanoira, D. Gonzalez, E. Trotz, G. Pieres, A. Pieres, G. Gracida et C. Gracida.

Sport Olympique jusqu’à 1936 ne polo ne cesse pas de grandir sous l’égide de la Fédération Internationale de Polo.

Chevaux et équipes au polo

Malgré les quelques centimètres de trop pour rentrer dans la catégorie “poneys”, les chevaux de polo en ont quand même conservé la dénomination. En matière de race, la vedette revient aux chevaux argentins. Un bon cheval de polo a un rein court, une encolure souple et des jarrets très puissants. Il doit être aussi rapide que maniable et d’une grande agilité dans les changements de pied. Son harnachement est classique et comporte obligatoirement une martingale fixe bouclée à la muserolle. Les œillères sont interdites. La queue des poneys est toujours tressée et la crinière est en général tondue à ras. Ses membres sont protégés par des guêtres ou des bandes.

Les joueurs portent une culotte blanche et le maillot de l’équipe. Le casque est obligatoire ainsi que les genouillères.

Le polo se joue sur un terrain en gazon de 145 m par 275 m. Les poteaux des buts sont espacés de 7,50 m. La balle est en bois (saule ou cœur de bambou). Son diamètre est de 8,5 cm et elle pèse 130 g. Le maillet, long d’environ 1,30 m, est en jonc tandis que la tête de frappe, en forme de cigare ou cylindrique, est en frêne, en bambou ou en sycomore. La souplesse du tiers inférieur du maillet est très importante car elle donne au joueur la possibilité de réaliser des coups d’une longue portée avec un minimum d’efforts.

Les équipes sont constituées de 4 joueurs dont la position et le rôle sur le terrain sont très précis :

  • les avants: n° 1 et n° 2 continuent les passes d’attaque de leur n° 3 et tentent de marquer leurs adversaires n° 3 et n° 4. Mais leur rôle principal reste celui du marquage des goals;
  • l’avant-centre : n° 3 est le “pivot” de l’équipe. Il lance les attaques et couvre le n° 4 en défense. Il est en général le meilleur joueur de l’équipe.
  • l’arrière: n° 4, aussi appelé back hander est le défenseur de l’équipe.

Pour arbitrer le jeu, un arbitre à cheval suit chaque équipe. Il n’y a pas de gardiens de but mais des juges de but, à pied, placés derrière les poteaux. C’est un juge arbitre placé à l’extérieur du terrain qui tranche en cas de litige.

Les matchs se jouent en général avec des handicaps. Chaque fédération nationale attribue un handicap à ses joueurs. Les handicaps individuels sont additionnés pour obtenir le handicap de l’équipe. La soustraction du total de chaque équipe correspondra à l’avance de points concédée à l’équipe au plus faible handicap. Dans tous les tournois, il existe en général une Coupe Open qui se joue sans rendement de goal. C’est notamment le cas pour la Coupe d’Or de Deauville, le championnat de France.

Jeu et règlement du polo

Le jeu se déroule en plusieurs périodes appelées chuk- hars (du mot Ourdou: chakkar qui signifie “tout”.) et d’une durée de 7 min 30s. Leur nombre (4,6,7,8) varie selon la nature de la compétition (8 en tournoi et généralement 4 dans les rencontres ordinaires). Les joueurs disposent de 3 min de repos entre chaque période et d’un break de 5 min à la mi-temps ; ce qui leur permet de changer de monture. Si les 2 équipes sont à égalité en fin de partie, le jeu continue jusqu’à ce qu’un but soit marqué. Les équipes changent de côté à chaque point et les chevaux peuvent jouer 2 périodes d’une même rencontre à condition qu’ils aient eu des temps de repos entre les 2. Le jeu est arrêté en cas de chute ou de boiterie d’un cheval, de blessure d’un joueur, de toute avarie de harnachement dangereuse et si un joueur perd son casque ou si la balle sort du terrain. Un chronométreur tient le compte des interruptions de jeu.

La balle ne peut être frappée que de la main droite. Pour les gauchers, ils devront avoir au moins un handicap 4 pour être autorisés à jouer de la main gauche ! Il existe plusieurs sortes de coups : le coup droit avant, arrière, sous l’encolure, derrière la croupe et latéral (sous le ventre du cheval). Les mêmes actions peuvent être effectuées à gauche, sous forme de revers.

Les règles du polo sont avant tout destinées à assurer la sécurité au cours d’un jeu extrêmement rapide. Elles visent donc à définir les trajectoires prioritaires dans les déplacements des joueurs. Le joueur suivant la trajectoire de la balle sur sa droite à la priorité absolue sur tous les autres joueurs. Cette ligne ne peut être coupée devant lui qu’à une distance ne présentant aucun risque de collision. Le hors-jeu n’existe pas et les infractions sont sanctionnées par des coups francs, sur place ou au milieu du terrain à 54, 36 ou 27 m selon l’endroit ou la faute a été commise et sa gravité. Il est en outre formellement interdit de frapper la balle devant les antérieurs d’un cheval adverse, de prendre un adversaire en sandwich, de zigzaguer ou d’accrocher le maillet d’un autre joueur si l’on n’est pas du même côté de la balle que lui ou juste derrière.

Le polo, un sport exigent pour le cheval et le cavalier

À l’aube du xxie siècle, alors même que notre civilisation tend à faire primer la science et la technique, il fallait qu’un sport venu de la plus lointaine Antiquité nous rappelle les vraies valeurs de nos traditions ancestrales et perpétue un art de vivre dont il est inséparable.

Nous honorons aujourd’hui un polo moderne qui tend à le rendre accessible au plus grand nombre de cavaliers qui y trouveront la possibilité d’exprimer leurs qualités et leurs talents par le courage, l’endurance, la soumission, la discipline, le calme, le jugement, la rapidité d’observation et le sang-froid sans lesquels ils ne pourront réussir.

Nous sommes persuadés, à la suite de nos aînés, que rien ne forme plus un homme pour être un homme, que rien ne le prépare mieux à la bataille de la vie que ce sport aussi exigeant qu’envoûtant.

C’est ce même esprit d’équipe et ce sont ces mêmes qualités qui ont prédominé pour la pérennité de notre Fédération depuis 1921, laquelle n’a pu se poursuivre que dans la mesure où chacun, selon ses compétences et ses aptitudes, y a contribué avec son énergie, sa foi et sa persévérance.

C’est avec cet esprit d’équipe et les efforts conjugués de tous les joueurs français d’hier et d’aujourd’hui que le polo est devenu, en France, un sport reconnu avant de redevenir immanquablement, comme il l’a été hier, olympique.

 

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Pou en savoir plus : la page dédiée au polo 

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