Les maladies du système nerveux chez le cheval

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L’utilisation sportive du cheval nécessite bien sûr l’intégrité de son appareil locomoteur, les os et les articulations, les muscles et les tendons, mais aussi ce qui commande et harmonise leurs mouvements c’est-à-dire le système nerveux Les affections du système nerveux sont très nombreuses chez le cheval, comme dans les autres espèces. Elles peuvent toucher le système nerveux périphérique (les nerfs) ou le système nerveux central (moelle épinière et cerveau).

Un cheval allongé dans l'herbe

Les affections traumatiques chez le cheval

Le cheval peut présenter des troubles nerveux centraux après des traumatismes de différentes natures (lors d’embarquement dans un van ou un camion avec traumatisme de la nuque lors de relever intempestif de la tête, lors de réactions vives au cours de la mise en place du harnachement, lors de diverses chutes au cours d’épreuves sportives ou lors d’accident de circulation pendant le transport). Les symptômes sont variables, allant d’une diminution de l’état de vigilance jusqu’à un décubitus et éventuellement un coma. Les nerfs périphériques superficiels peuvent être lésés lors de compression sur leur trajet. C’est le cas de la paralysie faciale ou la paralysie du nerf supra-scapulaire après un décubitus latéral prolongé (par exemple lors d’anesthésie générale durant longtemps). Dans la majorité des cas, l’affection est réversible si des traitements sont instaurés assez tôt. Ils font appel à l’administration de médicaments anti-inflammatoires par voie générale et d’application locale répétée de produits révulsifs et anti-inflammatoires.

Les affections de nature infectieuse chez le cheval

Les maladies infectieuses ne sont plus aussi fréquentes. La maladie la plus classique est le tétanos qui se traduit, dans sa forme habituelle généralisée, par des contractures permanentes musculaires induites par une toxine sécrétée par une bactérie. Le cheval est très irritable et le moindre bruit déclenche une crise tétanique. Au cours de l’évolution, les yeux sont recouverts en partie par une membrane blanche (qui correspond à la membrane nictitante, (c’est une troisième paupière) et des troubles de la déglutition sont observés pouvant entraîner des broncho-pneumonies par fausses déglutitions qui assombrissent le pronostic. La mort peut survenir par paralysie du diaphragme ou à cause des complications, respiratoires notamment. Cette maladie peut être observée chez le poulain et le cheval adulte. Depuis longtemps déjà, il est possible de protéger très efficacement les chevaux contre cette maladie et tout cheval devrait être correctement vacciné.

Une autre maladie, même si elle semble avoir disparu en France ces dernières années, doit être connue : la rage. Cette maladie est, comme dans les autres espèces, inéluctablement mortelle. Elle est caractérisée par l’apparition de symptômes témoignant de l’évolution d’une encéphalite (inflammation du cerveau), associant hyperexcitabilité et dépression, agressivité, troubles de la déglutition, décubitus, pédalages… 11 faut savoir qu’un cheval atteint par cette maladie représente un danger important de contamination humaine car il est souvent manipulé par de nombreuses personnes avant que la suspicion ne soit évoquée et le diagnostic établi.

Comme pour le tétanos, un vaccin est disponible et très efficace, et la vaccination est réglementée. D’autres maladies plus rares (néosporose, myélopathie à protozoaire, intoxications par certaines plantes comme la vesce, intoxications) peuvent être rapportées, leur diagnostic étant parfois difficile.

Enfin, des encéphalomyélites virales (comme le West Nile), dont certaines sont des maladies légalement réputées contagieuses, non seulement peuvent être observées chez le cheval mais peuvent également toucher l’homme (ce sont des zoonoses).

Les affections inflammatoires et dégénératives chez le cheval

Trois principaux exemples doivent être cités : la maladie de l’herbe, la compression chronique de la moelle épinière cervicale et l’hémiplégie laryngée.

La maladie de l’herbe est une affection touchant essentiellement le système nerveux organo-végétatif encore appelé système autonome. Elle est également appelée dysautonomie. Elle se traduit essentiellement par des troubles digestifs et cardiaques (ralentissement du transit digestif sans forcément douleur exprimée, diminution d’émission de crottins qui deviennent très secs et sombres, augmentation de la fréquence cardiaque). On ignore encore la cause de cette maladie dont le pronostic est réservé, bien que certaines formes semblent pouvoir guérir avec des traitement longs. Il est bien démontré cependant que les chevaux, et pas forcément tous dans un même effectif, contractent cette maladie au pré; on pense aujourd’hui qu’il s’agit probablement d’une toxine qui n’a pas été encore identifiée précisément. Dès qu’un cas est reconnu, il est donc conseillé de retirer les chevaux du pâturage; aucune autre mesure n’est actuellement documentée.

La compression chronique de la moelle épinière cervicale est due soit à une instabilité des vertèbres cervicales, soit à des lésions osseuses qui compriment la moelle et/ou les racines nerveuses. Elle est également appelée le mal de chien ou ataxie spinale du poulain et se traduit selon l’intensité par un manque d’équilibre dans la démarche, surtout observée sur les membres postérieurs, le cheval donnant l’impression de se dandiner surtout au trot, refusant le plus souvent de reculer; lorsque l’affection est plus évoluée, le cheval peut même tomber ou avoir d’énormes difficultés pour se relever, adoptant généralement une position de chien assis. Cette affection est souvent en relation avec ce que l’on appelle les maladies osseuses de croissance ou de développement, mais des symptômes identiques peuvent être observés dans beaucoup d’autres affections nerveuses touchant la moelle épinière cervicale, infectieuses ou traumatiques. La prévention repose sur une alimentation équilibrée notamment en apport de minéraux. Des possibilités thérapeutiques chirurgicales existent comprenant des stabilisations chimiques (par infiltration en regard des zones malades) ou des stabilisations chirurgicales qui constituent des interventions majeures peu couramment pratiquées.

L’hémiplégie laryngée est une affection nerveuse fréquemment rencontrée chez le cheval de sport. Elle est due à une atteinte inflammatoire ou dégénérative du nerf appelé récurrent qui commande les muscles entraînant une ouverture du larynx. Il s’agit le plus souvent d’une atteinte du nerf récurrent gauche, probablement en relation avec les particularités de son trajet anatomique. Selon l’importance de l’atteinte lésionnelle, une simple parésie à l’origine d’une ouverture incomplète ou une paralysie totale à l’origine d’une absence d’ouverture de l’hémilarynx sont observées lors de l’examen endoscopique. Sur le plan clinique, cette neuropathie, qui peut d’ailleurs être associée à une atteinte d’autres nerfs périphériques, est donc responsable de l’apparition d’un bruit respiratoire (surtout à l’inspiration) et l’anomalie de l’ouverture du larynx empêchant l’air de passer correctement entraîne une intolérance à l’effort selon son importance et le type d’utilisation du cheval. Cette neuropathie peut être due à des affections inflammatoires du sillon jugulaire (notamment après des complications observées à la suite d’injections intraveineuses), mais elle est surtout observée chez des chevaux d’assez grand format et ayant une grande encolure. Associée parfois à une violente inflammation de la gorge, auquel cas un traitement médical peut être proposé, elle nécessite lors de gêne respiratoire importante un traitement chirurgical qui consiste à maintenir le Phémilarynx correctement ouvert pour mieux laisser passer l’air, et à l’ablation de la corde vocale pour supprimer le bruit.

 

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