Les courses d’obstacles (cheval)

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Sous le terme “obstacles” sont réunis les trois types de courses obligeant le cheval à sauter : la course de haies, le steeplechase et le cross-country. Ce genre de compétition dérive de la chasse à courre telle qu’elle était pratiquée outre-Manche. Des cavaliers habitués à la chasse (hunt) s’affrontaient dans une course en allant d’un point à un autre (point-to-point). À la poursuite (chase) du but fixé, généralement le clocher (steeple) d’un village visible de loin, les concurrents devaient franchir les obstacles naturels se présentant sur le parcours. C’est ainsi que l’appellation de “course au clocher” fut le plus souvent employée pour désigner les courses d’obstacles pratiquées en France à compter de 1830, principalement dans la vallée de la Bièvre. Leur premier théâtre permanent fut un minuscule mais charmant hippodrome, niché dans le parc de La Marche, entre Ville-d’Avray et Marnes-la-Coquette où, de 1851 à 1896, se déroulèrent uniquement des courses d’obstacles.

En 1854, ils sont près de 150 chevaux à participer à différentes courses d’obstacles inscrites par-ci par-là au milieu de courses plates. C’est alors que Napoléon III, ayant réussi l’embellissement du bois de Boulogne, décide l’aménagement du bois de Vincennes en triste état et souhaite y incorporer un hippodrome voué à l’obstacle.

Les courses d’obstacles : de Vincennes à Auteuîl

C’est chose faite avec l’ouverture, le 29 mars 1863 de l’hippodrome de Vincennes confié à la “Société des steeple-chases de France” et présidée par le prince Joachim Murat, cousin de l’empereur. Article Ier du règlement de la société: “Encourager par des courses la production et l’élevage du cheval de service et de guerre”.

L’obstacle devient rapidement populaire: auprès du public pour les “périls” qu’il engendre, auprès de propriétaires du fait des “prix modérés” pour former une écurie et auprès des tenants du pur-sang dont l’un d’eux affirme en 1867: “Depuis quatre ans, les steeple-chases ont servi à démontrer d’une manière plus saisissante que ne pouvaient le faire les courses plates, la qualité immense du cheval de pur-sang… Il est le meilleur pour ce genre d’épreuves, celui qui fait le mieux la distance et porte mieux le poids. Cela s’explique par sa vitesse qui est plus grande. Le train étant pour lui moins tendu que pour ses concur- rents, il fait moins d’efforts.” (Journal Le Jockey, 19 mars 1867)

Le désastre de 1870 et la Commune laissent l’hippodrome de Vincennes dévasté et plongent dans le sommeil la Société des Steeples. Réveil le 1er novembre 1873, non plus dans l’est parisien, mais dans l’ouest. Auteuil est l’écrin qui a été choisi, pour exposer les courses d’obstacles, par le nouveau président de la société, le prince de Sagan appuyé par un comité de vingt membres issus du “Cercle de la rue Royale”. L’inauguration “par le temps le plus funeste” permet d’admirer la tribune (de seize ans plus jeune que celle de Longchamp) et de voir “des obstacles forts évidemment… rien d’effrayant… tant pis pour les chevaux dont le dressage est incomplet”.

Douze réunions en 1874, le double en 1878, principalement les dimanches non utilisés par la Société d’Encouragement. Dès 1874, deux grandes épreuves internationales, le Grand Steeple-Chase de Paris (calqué sur le principal steeple-chase d’outre- Manche, il aura pour nom Grand National de France les deux premières années) et la Grande Course de Haies d’Auteuil. Dans les deux épreuves, victoires britanniques (avec Miss Hungerford et Jackal), “saluées par de chaleureuses acclamations” rapporte Le Sport. Heureux temps! Mais dès 1875, les vagues d’assaut anglaises sont endiguées. Le baron Finot et le marquis de Saint-Sauveur vont donner à l’élevage français 7 de ses 12 victoires dans les 20 premières éditions du Grand Steeple.

Le baron Finot est le père du steeple-chasing. Dans son domaine de Fangé (près de Vierzon), il dresse à l’obstacle ses poulains (tous des pur-sang) dès leur plus jeune âge et assure gagner de l’argent avec les sauteurs portant ses couleurs

(casaque marron, toque rouge). En tout cas, ils lui valent d’occuper 23 fois

(entre 1864 et 1898) le premier rang des propriétaires.

Auteuil en fête pendant une semaine ! C’est le rêve du prince de Sagan, rêve qui devient réalité en 1883 avec la creation du Prix des Drags, destine aux infortunes du Grand Steeple et disputé le vendredi suivant. Cette “journée élégante par excellence” aura une longue vie, se poursuivant jusqu’en 1967. Il faudra les événements de 1968 pour condamner à mort l’élégance.

Grâce aux recettes fournies par le Pari mutuel à compter de 1891, la Société des Steeples peut améliorer ses installations à Auteuil. Elle fait percer un tunnel piétonnier sous la piste, dote plus largement sa quarantaine de réunions (offrant quelque 250 courses) et subventionne les épreuves d’obstacles en province. En 1892, elle est la première société à accorder des primes aux éleveurs. En 1895, elle crée le Prix du Président de la République, riche handicap, qui devient la course vedette du printemps.

Ses deux réels soucis se présentent au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il lui faut alors remplacer les tribunes d’Auteuil devenues vétustes et renforcer ses obstacles “que les concurrents peuvent se permettre d’accrocher”. Choses faites en 1924, grâce à un emprunt souscrit sans problème et à la création de la piste extérieure des steeple-chases (avec son rail ditch and fence) malgré la grogne de certains entraîneurs.

Les courses d’obstacles : L’avènement des A.Q.P.S.(autre que pur-sang)

Deux ans plus tard, surprise : le Prix du Président de la République a pour vainqueur Uncas, un demi-sang. Pour les éleveurs de chevaux de selle incités à produire le cheval de guerre nécessaire avant la Première Guerre mondiale, c’est une incitation à s’orienter vers le “selle-courses”. Amélioré, un tel produit peut prétendre à être acteur sur des théâtres d’un niveau supérieur à celui des cross de province, son habitat actuel.

La confirmation survient en 1967 quand la Grande Course de Haies d’Auteuil est gagnée par Rivoli. C’est un “selle français”, fils de Burgos (pur-sang) et Idée Noire (demi-sang). Dans son pedigree, une succession d’étalons pur-sang. Ce Rivoli serait donc un pur-sang déguisé ! Non. S’il est fait avec le pur-sang, ingrédient principal, essentiel à sa confection, il en est différent, il est réellement “autre”. Les A.Q.RS. ne constituent pas une race de chevaux. Ils représentent un type issu d’un métissage permanent. Ce type est obtenu par l’utilisation continue d’étalons possédant d’autres capacités que la seule qualité montrée en course qui reste néanmoins nécessaire. Ce sont la morphologie adaptée au saut et si possible de bonnes performances en obstacle. La recette a fait ses preuves. Depuis la fin des années 70, les A.Q.RS. ne cessent de s’illustrer au plus haut niveau à Auteuil.

Le spectacle n’a pas changé. L’émotion est toujours au rendez-vous. Le décor a subi les retouches nécessaires. Ecuries et paddock déplacés à cause de la construction du boulevard périphérique, tribunes rajeunies depuis 1968 et, un peu partout, des écrans de télévision projetant de superbes images d’un spectacle sans pareil. Dans le train-train de la quarantaine de réunions annuelles d’Auteuil et des quelques trois cents courses, de rares surprises. En 1988, un coup d’éclat: une femme jockey, Béatrice Marie, pilote le gagnant de la Grande Course de Haies. Récemment, les branches de bouleau composant les haies ont été remplacées par des éléments en matière plastique. C’est à la fois plus dense, moins écologique et plus économique. Et depuis le 3 décembre 2000 se dresse la statue en bronze d’un cheval, grandeur nature. Sur le socle, une inscription: “Al Capone IL Grand Steeple-Chase de Paris 1997. Prix La Haye Jousselin 1993, 1994, 1995, 1996, 1997, 1998, 1999”. C’est un A.Q.P.S.

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